Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 30 août 2016

Carnet de voyage | Rome (2) : ah le Trastevere !

 L'aperitivo

 

À l'exception d'une soirée mémorable dans la "rue gay", derrière le Colosseo (Colisée), sur laquelle je reviendrai, nous avons passé nos soirées dans le Trastevere, que mon "associé", conquis a décrété "vraie Rome" : il faudra, lors de son prochain séjour qu'il découvre San Lorenzo, le Pigneto, le Testaccio, et autres lieux authentiques.
Il est vrai qu'en s'écartant de quelques pas de Santa Maria in Trastevere, en faisant preuve d'un minimum de curiosité, quoi, on entrera pour de bon en terrain autochtone.
Patience !
Notamment, vers la Piazza Trilussa où la jeunesse locale se retrouve à la nuit tombée en mélange hétérogène (!) sur les marches de la fontaine, ou, pour ceux qui ont un peu d'argent de poche, à l'incroyable Frioni e Frizioni où, pour moins de dix euros, on peut faire bombance ( avec pudeur, toutefois : on n'est pas au Club Méd' ! ) au buffet bien fourni de l'aperitivo, entre 18 heures et 22 heures, rituel qui met en relief la générosité italienne et la convivialité.
Les serveurs tatoués et barbus - forcément ! - sont d'une gentillesse à toute épreuve, et d'une efficacité à l'avenant.
L'endroit est des mieux achalandés : jeunesse étudiante, et, ce soir là en terrasse, deux tables de "copines" avec filles ad hoc, en "before" du Village Gay, immense lieu arc-en-ciel près de la mer auquel nous ne fîmes pas l'insigne honneur de faire une visite, n'étant, ni l'un ni l'autre, adeptes des lieux consacrés.
Nous ferons une entorse à la règle du côté de la Via San Giovani in Laterano (j'y reviendrai répétè-je) et n'aurons pas le regretter.

L'Isola del Cinema

C'est ma photo.
Pour l'heure, c'est donc Trastevere toute, où l'une des rives du Tevere (Tibre) s'anime, dès le crépuscule, de commerces divers sous tentes, restaurants (à éviter), espaces baby-foot bien fréquentés, bars à chicha sans chichis (Dieu, quelle horreur, dirait-on du côté du siège de campagne de machin-truc-chose !) en beau mélange ethnique et, juste en face, l'Isola (île) dédiée, pour la saison, au cinéma : des espaces gratuits où l'on peut voir de vieux films, et un grand cinoche en plein air pour les exclusivités et les films récents.
Sur cette île, entièrement vouée au septième art, de belles photos de stars défuntes de Cinecitta' (il n'y a plus de stars de cinéma, ou si peu, en Italie, merci Silvio !), mais aussi des bars "lounge" (ah, ces expressions passe-partout) pour les amateurs du sempiternel mojito d'après séance.
Mon petit camarade s'étonne de me voir m'extasier devant un projecteur de cinéma très fatigué de toutes les histoires qu'il projeta quand les salles obscures faisaient le plein, dans la période la plus glorieuse du cinéma transalpin.
Mais voilà mesdames, messieurs, c'est un Victoria 8 de chez Cinemeccanica, la prestigieuse marque milanaise, reconvertie depuis au numérique, qui équipe encore de nombreuses salles, y compris en France.
Ce projecteur, Môssieur, équipait les salles qui projetaient les films en 70 MM des écrans géants de la grande époque des superproductions tournées à Cinecitta' dont le Cléopâtre de Mankiewicz et le Ben Hur de William Wyler, ce qui n'est pas peu.
Dans un espace payant où l'on peut s'installer... sans bourse délier (le contrôleur s'est endormi), projection de Vol au-dessus d'un nid de coucous de Milos Forman en version italienne : entendre Nicholson et ses confrères s'exprimer dans la langue d'Alberto Sordi vaut son pesant de suppli (croquettes et arancini) !
Excuse-moi, Anne, mais tout ça est bien plus excitant que Paris-Plages !
À plusieurs reprises nous avons rejoint le Trastevere pédestrement, en descendant du Gianicolo, notamment. Mais, vers minuit, après un savoureux repas à la Gensola (je ne donne pas l'adresse : qui se motive, trouve !) et la balade digestive, il faut trouver un moyen de transport pour rejoindre l'hôtel, près de Termini (la gare centrale). Une foule à faire fuir les sauvages que nous sommes s'agglutinant à la "fermata" du bus H, nous rusons et empruntons le tram qui nous laisse à son terminus, Piazza Venezia (sous le balcon où Benito haranguait le peuple), où nous nous jetons dans le premier bus à destination de la "stazione".
Demain, hommage à Marguerite Y. avec la visite de la Villa Adriana par, au moins, 60° à l'ombre (je viens du sud !).
Silvano Manganasse

Qualcuno volò sul nido del cuculo (si !)
MMmmmmmmmm, fouloulou !

2 commentaires:

The Narrow Corner a dit…

(J'aime beaucoup la lumière et le cadrage de la photo du bar.)

Celeos a dit…

;););)