Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 28 août 2013

Ragazzi à Venise, encore, mais pas seulement

Que n'ai-je zoomé !



Heure de pointe sur le Vaporetto : vivement ce soir !
Sur le Grand Canal, on a toujours un peu l'impression de se trouver dans un "Disneyland baroque", pour reprendre l'expression de mon camarade de voyage, lequel s'émerveille, par contre, de la Venise parallèle, celle où le visiteur d'un jour ne met pas les tongs. C'est là qu'on trouve les vrais vénitiens, quand ils n'ont pas fui leur cité à la pleine saison, lassés, excédés sans doute, du flot incessant de ces touristes qui encombrent les venelles et les ponts, peu soucieux des habitants qui, comme ailleurs, doivent vaquer à leurs activités. 
On est surpris du calme qui règne à quelques brasses de San Marco, de la sérénité ambiante, des placettes assommées de soleil, des jardins cachés, d'un impromptu de Schubert bien joué, pour de vrai, dont les notes s'échappent d'une fenêtre. On s'y attarde un moment, mon jeune ami et moi, ravis de l'aubaine. Qui aime les garçons ne sait où donner du regard : ils pullulent, ragazzi locaux ou jeunes européens en goguette, se regroupant, à la nuit tombée, au mercato (marché) du Rialto, l'un de mes points favoris, ou sur le campiello d'à côté. On croise, un  soir, deux garçons se tenant par la main, et mon compagnon hétéro (cette appellation !) dit : "voilà, ça c'est bien !" avant de lorgner les filles, dans sa quête d'une nouvelle Audrey Hepburn. Le miracle, aussi, de la Sérénissime, c'est qu'une fois le soleil disparu, dès qu'apparait la pleine lune complice, la cité s'est vidée de ses foules bruyantes, et que seuls ses vrais amoureux sont restés. Prosaïquement, il est vraisemblable que les prix prohibitifs pratiqués leur ont fait rejoindre la Mestre voisine, plus low cost (bas coût) ou l'un de ces bateaux de croisières qui suscitent, à raison, l'ire de tout admirateur de la cité au lion. Venise nous est rendue, donc, en plein mois d'août, après huit heures du soir, où l'on peut même gravir les marches de Rialto sans craindre les diurnes bousculades qui font immanquablement penser à un jour de soldes aux Galeries Lafayette. Le repas est délicieux à San Trovaso, où le patron, sincèrement ravi de me revoir, salue chaleureusement celui qui se présente comme mon fils, nous offre un verre bien rempli de sa meilleure grappa (divine !) et, à ma grande stupéfaction, pratique un escompte sur notre addition ! Le vénitien est sobre, garde la distance. En avoir convaincu deux ou trois de ma sincérité me comble d'aise ; et de gratitude.
Une journée et une nuit à Vérone (où j'aimerais vieillir) pour applaudir le Maestro Ennio Morricone : je vous en écrirai plus long très bientôt.
 


Sur ce campiello, ce ragazzo a tout juste remarqué notre présence : j'en déduis qu'il est straight, tant mon compagnon de périple (qui ruse pour me permettre de photographier mon sujet) est au maximum de sa beauté.
Photos Silvano Mangana

Tuyau : si vous aimez Venise ou voulez la découvrir mieux, l'excellent blog (en français) de Lorenzo.
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Venise nous est rendue...

1 commentaire:

Freebird a dit…

Ca fait rêver...